Libre arbitre et responsabilité
Je vous ai déjà parlé de mes expériences de vie, des synchronicités, des maîtres, des livres et des évènements qui ont changé ma vie .
Arnaud du blog « Terres de repos » propose à chacun, dans le cadre de la Croisée des blogs de se mettre un peu à nu pour parler du point de bascule dans son cheminement.
Je vais vous parler plus précisément de ce qui pour moi est essentiel aujourd’hui et vous verrez que ma vision date de mes premières années.
Peut-être que la vôtre a commencé aussi il y a longtemps, même si elle a mis du temps à s’incarner, même si vous désespérez encore de la voir prendre forme.
Il va être question du libre arbitre, non pas dans une opposition au prédéterminisme mais plutôt dans une interrogation par rapport à la responsabilité.
Suis-je libre de choisir mes pensées et mes actes, en quel cas je suis responsable de tout.
Est-ce que vraiment j’englobe à ce point la totalité de la vie ou n’y a t-il pas là un petit « moi » qui se prendrait pour le centre de l’univers et le plus fort de sa rue?
De quoi suis-je vraiment libre alors?
J’adorais, enfant, les fêtes foraines et lorsque je me mettais au volant du petit train, je suivais avec beaucoup d’attention les rails et je me demandais :
- Est ce que si je ne tourne pas le volant au bon moment je vais faire dérailler le train ?
- Ou bien, est ce que, de toutes façons il est téléguidé et quoi que je fasse il avancera dans la bonne direction sans dérailler?
J’interrogeais déjà sans le savoir le libre arbitre et je vous propose à la fin de cet article de me dire où vous en êtes de ce concept !
L’enjeu de l’interrogation était de taille :
- Ou bien toute la responsabilité reposait sur mes épaules et j’avais intérêt à assurer : c’était passionnant mais fatiguant.
- Ou bien il n’y avait qu’à se laisser porter, se relaxer et prendre du bon temps en appréciant la route.
Si vous connaissez mon blog, vous savez que j’ai choisi (ai-je vraiment choisi?) la première option et cela a complètement orienté mon chemin.
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Aujourd’hui j’ai tendance à remettre en question mes certitudes à propos du libre arbitre, je vous en parle plus bas.
Libre arbitre et moi: Inconsciemment incompétente
Je suis victime et totalement impuissante
Avant j’étais mal et je ne le savais pas. J’étais inconsciemment incompétente en matière de bonheur et l’expression « joie de vivre » était pour moi un gros mot insultant.
Je ne connaissais pas non plus l’étendue de ma responsabilité et j’avais tendance à mettre le malaise sur le dos de mon passé ou des autres.
C’est sans doute pour cela que je me suis orientée vers les thérapies après avoir vérifié que mon libre arbitre me cantonnait à vivre des histoires d’amour douloureuses.
Le démarrage dans le monde du travail a été aussi source d’angoisses et là, de nouveau, il a été difficile de ne pas savoir que j’étais mal.
J’ai commencé la méditation, j’ai lu des livres de développement personnel ainsi que des récits d’Éveil et j’ai commencé un travail sur moi. Je suis devenue consciente.
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Libre arbitre et moi: Consciemment compétente
En quoi je suis responsable de tout ?
Là pour le coup, c’était le grand enthousiasme. Je rencontrai des thérapeutes et toute une flopée de gens comme moi ayant les mêmes douleurs et les mêmes interrogations.
La thérapie commençait à apaiser mes émotions, et je pouvais modifier mon comportement pour commencer à moins souffrir.
La méditation m’amenait des grands espaces de rien, de « non-je » comme des fenêtres de respiration pour moi qui ne dormais pas ou si mal.
Le travail avec les couleurs, comprendre et enseigner remplissait toute ma vie avec toujours de grosses remises en question concernant l’affect et ma capacité à aimer.
Je commençais à vraiment approfondir la conscience de qui j’étais et de mes schémas que j’apprenais à modifier.
Guérir, moins souffrir, réussir, développer des compétences et des savoir-faire était la panacée.
Modifier mon état rien que par un sourire et me souvenir des outils à utiliser pour être bien me donnait un pouvoir extraordinaire.
Ma vie et mes finances s’amélioraient. J’avais des clients prêts à partager ma vision et je leur transmettais mes espoirs et mes outils.
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En fait, je partais du principe que j’étais mal (eux aussi) et que mon objectif était d’être bien et de faire en sorte qu’ils se sentent mieux.
Objectif louable mais plutôt orienté vers un futur hypothétique mais pas tout à fait ancré dans le présent, seul instant vrai.
Pendant que je cherchais à me changer et à me transformer, je n’étais pas vraiment en train d’accepter ce qui m’arrivait mais plutôt de le fuir.
Libre arbitre et moi: Consciemment incompétente
Après 20 ans d’espoirs, d’efforts et d’investissements, je commençai à effriter les dorures de mon « moi » en pleine transformation.
Je remarquai que mon sommeil était toujours aussi perturbé, qu’il y avait de nettes améliorations mais je voyais aussi mes vieux schémas prêts à bondir.
Je m’étais roulée joyeusement dans la conscience et la responsabilité de tout ce qui m’arrivait, à moi. J’entrevoyais le coup de pied dans la fourmilière.
Je trouvais que pour 20 ans d’efforts, c’était peu de résultats!
Heureusement pour moi, je n’ai pas tout réussi, je n’ai pas fait de jolie famille, ne suis pas devenue millionnaire et je n’ai pas organisé des stages avec 300 personnes.
Du coup, j’ai continué à chercher. Ça aurait été dommage de m’endormir dans un pseudo confort matériel et spirituel.
Je suis tombée sur les neurosciences, les programmations du cerveau et ma notion de libre arbitre a commencé à être ébranlée.
Tout ce que j’apprenais à propos des conditionnements et du fonctionnement cérébral semblaient reléguer » je fais ce que veux » à une illusion.
Libre arbitre et neurosciences!
M’apercevoir que le cerveau fait ses choix en fonction du moindre stress dans le seul but de maintenir la biologie a donné un coup à mon égo qui pensait pouvoir se sortir de tout à la force de mes petits bras et de mes prises de conscience.
Pourquoi se battre avec une fonction du cerveau qui ne cherche qu’à assurer la sécurité et la survie à n’importe quel prix ?
Au lieu de chercher à être efficace pour enrayer les maladies, j’ai commencé à m’émerveiller devant la perfection des scénarios qui la déclenchent.
De combattante et battante, je suis passée à accueillante et émerveillée. Mon mariage m’a bien aidée!
Finalement, qui crée tout cela dans ma vie, moi ou mon cerveau ? Si c’est moi, c’est super, je n’ai qu’à le décréer.
Si c’est mon cerveau qui fait cela tout seul en fonction de données très inconscientes et dont j’ignore tout, mon libre arbitre en prend un coup.
Puis je me suis extasiée devant les travaux de Benjamin Libet dont j’ai déjà beaucoup parlé.
1983 : L’expérience de Benjamin Libet et le libre arbitre
Dans l’expérience de Libet [2], on vous place devant une horloge qui défile rapidement, et on vous donne un bouton sur lequel vous pouvez appuyer au moment qui vous plaira.
La seule chose qu’on vous demande c’est de retenir le nombre indiqué par l’horloge au moment où vous prenez votre décision d’appuyer.
Dans le même temps, des électrodes placées sur votre crâne suivent votre activité cérébrale.
Ce dispositif permet de mesurer 1) le moment où vous prenez la décision d’appuyer, 2) le moment où votre cerveau commence à s’activer, et 3) le moment où vous appuyez physiquement sur le bouton
En théorie, vous prenez une décision, votre cerveau s’active, vous appuyez. Mais ce n’est pas ce qui se passe ! Dans cette expérience :
- 1° votre cerveau prend la décision en activant les zones responsables du mouvement
- 2° vous décidez d’appuyer
- 3° Vous appuyez.
Concrètement, vous êtes persuadé de décider du moment où vous allez appuyer mais au moment où vous le décidez, votre cerveau a déjà préparé le geste depuis une demi seconde. Le libre arbitre, pas si évident !
2008 : Nouvelle expérience qui met à mal le libre arbitre
Tout d’abord, le sujet dispose de 2 boutons, un dans sa main gauche et un dans sa main droite.
Il peut appuyer quand il le souhaite, soit à gauche soit à droite.
Ensuite, le cerveau du sujet est suivi cette fois dans une IRM, ce qui permet d’observer simultanément l’activité de tout un ensemble d’aires cérébrales.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de cette expérience sont perturbants.
D’une part, l’IRM révèle qu’une activité cérébrale préparatoire existe AVANT que le sujet ne prenne sa décision d’appuyer.
Encore plus troublant, cette activité cérébrale permet dans une certaine mesure de prédire de quel côté le sujet va appuyer
Votre libre arbitre se limiterait-il alors à un droit de véto au moment de passer à l’action si vous en prenez conscience?
Il y a ce que vous voulez et il y a ce qui est. Décider de ne pas être stressé lorsque la biologie l’est c’est un peu comme vouloir arrêter de respirer pendant longtemps.
Ce n’est pas vous qui allez gagner mais votre cerveau car votre inconscient (votre non conscient) décide avant vous !
Les pensées et le libre arbitre
Je me souviens d’une expérience dans le désert lorsque nous préparions avec un guide le trajet que nous allions proposer à un groupe.
Après une semaine d’itinérance, nous sortions des dunes pour reprendre le 4X4. Nous croisions beaucoup de troupeaux de moutons à l’approche d’un puits.
Je me mets soudain à discuter de côtelettes avec Alain. (Nous avions mangé végétarien pendant la semaine)
Au bout d’un moment je m’interroge : pourquoi suis-je en train de parler de cela alors que je n’en suis pas du tout friande ?
Alain me répond, moi non plus ! Nous nous tournons alors vers le guide : il avoue être en train de rêver à un méchoui en rentrant.
Ce fut un grand jour pour moi concernant le libre arbitre. Ce à quoi je crois penser de façon consciente n’a rien à voir avec moi.
Les pensées qui génèrent mes actions flottent et elles ne sont pas toujours les miennes!
Si j’accorde du crédit à mes pensées, je m’identifie à elles et je suis persuadée avoir agi volontairement.
Sur le coussin de méditation, je sais très bien laisser monter les pensées et ne pas suivre leur flux.
Mais dans la réalité de chaque instant, ne vous est il pas facile vous aussi de vous laisser bluffer par une pensée ?
Méthode Ho’oponopono et libre arbitre
Rencontrer la méthode Ho’oponopono a fini de renverser la poubelle.
Avec Ho’oponopono, les mémoires naissent à chaque instant à votre insu jusqu’à ce que vous vous aperceviez que vous êtes aux prises avec l’une d’elles.
J’étais tentée de dire au début que les mémoires nous appartiennent mais ce qui nous appartient c’est surtout la façon dont nous les tenons. Et cela n’est pas facile à identifier.
Comment pouvez-vous être responsable d’une mémoire, surtout si elle est transgénérationnelle ? Si elle appartient à l’inconscient de l’humanité ?
Et si elle appartient aux conflits non résolus de vos parents comme le souligne le projet-sens ?
Vous n’avez pas le libre arbitre de décider si vous allez rencontrer une mémoire, vous avez juste celui de la nettoyer!
Libre arbitre ou qualité d’être?
Qu’est ce qui a tout fait basculer alors que j’étais presque au sommet de la maîtrise? Que j’avais réussi à matérialiser dans ma vie tout ce que je voulais ou à peu près? Que je me sentais au top de mon libre arbitre?
La rencontre avec un maître un jour où il parlait du libre arbitre justement.
« Le libre arbitre n’existe pas, vous êtes comme des petites plumes au vent ».Daniel Odier
La phrase a claqué comme un coup de fouet, suivi d’un gros brouhaha de protestation.
Daniel Odier aime provoquer mais je ne crois pas que c’était le cas ce jour là. Celui qui a le libre arbitre, c’est celui qui veut décider pour sa vie.
Celui qui a des projets, qui veut les réaliser, qui veut faire quelque chose de sa vie. C’est une époque que j’ai savourée, celle où vous décidez de tout sans saisir les mécanismes inconscients qui sous-tendent vos actions.
Pour un éveillé, ce qu’il fait ou ne fait pas n’affecte en rien ce qu’il est profondément. Il n’a pas besoin d’objectifs pour exister, il Est tout court.
C’est à cette époque que je me suis aperçue que tout ce que j’avais fait comme travail intérieur n’atteignait pas la cellule.
Pour preuve, j’avais toujours des problèmes de sommeil, la plus petite critique me mettait en vrac.
La moindre baisse de clients me faisait envisager le pire. Je continuais à avoir peur que les gens meurent autour de moi.
Si je n’avais pas fait autant de travail sur moi, j’aurais été tentée de continuer à faire des efforts pour m’améliorer et me transformer.
Heureusement mon courage a commencé à faiblir. J’ai commencé à saisir que je ne cherchais pas la réussite et la satisfaction de la réussite mais la satisfaction d’être vivante.
Et cette satisfaction ne nécessite aucune action ni l’expression d’un quelconque libre arbitre.
Parce que être heureux(se) est un état que j’imagine alors que si ça se trouve je le suis mais ma construction mentale me fait croire que être heureux(se) c’est autre chose.
J’ai la chance de ne pas avoir fait trop de constructions dans ma vie donc je ne suis pas repartie dans des conditions à long terme qui retardent le fait de me détendre :
- quand mes enfants vont se marier
- quand j’aurai des petits enfants
- quand mes enfants seront sortis d’affaire
- quand ils auront leur bac
- quand je serai à la retraite
- quand ma maison sera payée etc..
En fait, je n’ai rien à me mettre sous la dent mentale pour repousser à plus tard le fait d’Être ». Je peux m’y consacrer dès à présent.
Je commence à me sentir moins responsable de ce qui m’arrive, ça arrive. Je suis juste responsable de pouvoir ou non accueillir et vivre ce qui arrive.
Libre arbitre et thérapies quantiques
Voici ce que vous prenez souvent pour du libre arbitre:
« Le cerveau doit à chaque instant décider ce qu’il va faire, en utilisant toutes les données disponibles: des souvenirs, des bribes d’informations «opportunistes» qu’il peut réunir à partir de l’environnement » (…) Ensuite, il s’engage dans un plan d’action et nous agissons. Je crois que le sentiment de contrôle est la manière dont le cerveau essaie de concilier toutes ces informations »
Les thérapies quantiques à l’inverse sont non-duelles: au lieu de chercher à devenir quelqu’un de meilleur que ce que vous êtes aujourd’hui, vous enlevez un à un les ingrédients qui ne sont pas vous.
Lorsque le niveau émotionnel est intense, il est possible de quitter instantanément l’émotion pour regarder ce qui se passe au niveau du corps grâce à la technique Tipi.
Lorsque c’est le mental qui s’accroche, il est facile de détricoter un à un les concepts qui vous donnent l’illusion d’exister alors que vous existez sans.
Partant de ce principe, vous n’avez plus besoin de vous raconter une histoire sur pourquoi vous agissez.
Et si, ce que vous appelez libre arbitre, ce n’était que réagir à tout ce que votre cerveau a enregistré comme souvenirs à un âge vous croyiez au Père Noël et où en mettant les mains devant vos yeux vous pensiez avoir trouvé la meilleure cachette ?
Où serait la liberté?
Et si vous viviez dans une hypnose totale, où vous ne pouvez que vivre la construction de votre identité au lieu d’être ?
Et si le travail c’était de défaire tranquillement la construction afin de révéler l’Être qui a toujours été là ?
Je voudrais terminer avec Satyam Nadeen « de la prison à l’Eveil ». Cet homme s’est éveillé en prison (comme pas mal d’autres).
Comme si le fait d’être en apparence privé de son libre arbitre lui avait permis d’Être tout simplement.
Comme si tous ses petits « moi » qui le composent avaient cessé de vouloir quelque chose d’autre puisque plus rien n’était permis.
Cela prouve une fois de plus que l’état d’Être n’a aucun rapport avec les circonstances de votre vie.
Certains grands maîtres ont parfois des centaines de Rolls Royce et d’autres mendient sur les marches du temple.
Dans l’Être cela ne fait aucune différence.
« Il n’y a ni création ni dissolution. Il n’y a ni sentier ni but. Il n’y a ni libre arbitre ni prédestination. «
Une fois atteint par le plein impact de : « conscience est tout ce qui est » et : « je ne suis pas l’auteur de mes actes », vous réalisez qui vous êtes réellement et qui vous n’êtes pas.
De cette profonde réalisation jaillissent les ramifications de cette nouvelle « vision de Perle » qui imprégnera les moindres détails de votre vie quotidienne. »
Satyam Nadeen
Vous l’aurez compris, pour en revenir à mon train de la fête foraine, j’ai envie aujourd’hui de choisir, l’option, je laisse faire et je me détends en prenant tout ce qui vient.
C’est un des avantages de l’âge de la retraite qui s’avance.
Je me demande aujourd’hui si les grands changements n’arrivent pas justement lorsque je renonce et que je me laisse porter par le train sans vouloir changer quoi que ce soit.
Et si finalement le libre arbitre se résumait à accepter totalement ce qui est?
Et vous, considérez-vous que vous avez un libre arbitre? A quoi vous sert-il? laissez un commentaire!
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