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Avr 01

Serrer l’humanite dans ses bras, un job à plein temps

Ma Anandamayi, l’amour au-delà de l’humain.

 

Sur le thème de l’amour source de dépassement de soi, je ne vais pas vous livrer mes histoires personnelles comme j’ai l’habitude de le faire mais plutôt vous présenter deux êtres hors du commun que les hindous appellent « avatars.»(ne pas confondre avec le film de James Cameron ou les icônes qui représentent les utilisateurs sur internet).


Un avatar est l’incarnation de la divinité sur terre pour guider et soulager l’humanité sur son chemin d’évolution.


Cet article est écrit pour la croisée des blogs organisée ce mois par Elisandre du royaume amoureux.


En Inde, la réalisation du divin est le désir le plus ardent de toute âme et cela passe par l’expérience de l’amour.


Pour les hindous, la Mère Divine incarne l’aspect féminin du soi. Elle existe sous de nombreuses formes.


L’une d’elle est le Gange qui est considéré comme une déesse, c’est pourquoi elle sert souvent de dernière sépulture et est nommée Ma Ganga (la Mère Gange).





L’aspect féminin de la divinité est associé à une grande puissance. C’est Shiva qui protège la terre de la force de Ganga entortillée dans son chignon. Il apaise ses flots en les faisant passer par les boucles de ses cheveux.


Les déesses du panthéon hindou ne se contentent pas d’exister sous forme de statues dans les temples. Elles s’incarnent aussi en chair et en os.


Ma Anandamayi, incarnée à la fin du 19ème siècle

 


L’enfance des êtres capables d’incarner l’amour au plus haut niveau est toujours entourée d’évènements exceptionnels.


Leur naissance est souvent paisible et leur enfance incomprise.


Leur différence n’est pas toujours perçue dans un premier temps comme une marque du ciel mais plutôt comme un problème que les parents ne sont pas en mesure de résoudre.


Ces êtres exceptionnels manifestent dès leur jeune âge de longues extases et un don de compassion pour la souffrance des hommes hors du commun.


En Inde, ces âmes prennent chair car il est dit que:

 

« Entendre le nom de la Mère Divine et voir sa forme délivre les êtres de toute affliction « (Sutra du lotus)


La première s’appelle Ma Anandamayi (mère pénétrée de béatitude)

 


Née en 1896, elle a été mariée dès l’âge de 13 ans mais présentait déjà de longues périodes de contemplation et de méditation qui faisaient déjà d’elle une grande mystique.




Dans sa vingtaine, elle est entrée en samadhi (complet établissement dans la conscience ou éveil).


Dans la lignée des mystiques de toutes les religions, elle n’éprouvait plus le besoin de manger, de dormir et ne ressentait plus la douleur pendant de longues périodes.


Son époux est devenu son premier disciple sans jamais revendiquer son rôle de mari.


Ce qui est étonnant chez Ma Anandamayi, c’est qu’elle n’a jamais reçu aucun enseignement et n’a jamais eu connaissance des Écritures sacrées.


Elle pouvait cependant citer tous les textes de la tradition Hindou ainsi que ceux d’autres religions.


Elle ne se réclamait elle-même pourtant d’aucune religion.


Ma Anandamayi a parcouru l’Inde pendant des dizaines d’années pour apporter aide et réconfort spirituel. Des étudiants de toutes religions venaient l’écouter du monde entier et s’imprégner de sa présence.


Elle disait d’elle que sa conscience n’avait jamais été identifiée à son corps, c’est pourquoi elle pouvait ne manger pendant des mois que quelques grains de riz par jour en ne dormant que deux heures.


Toute sa vie a été dévouée aux autres afin d’offrir un message d’amour aux chercheurs de vérités comme aux paysans illustrés.


Ma Anandamayi considérait sa vie comme un incarnation entièrement dédiée au service de l’humanité.


« Je suis née de la prière des hommes, j’ai simplement pris la forme de votre attente. »



Elle résume les étapes de la réalisation de soi en ces termes :


« L’ascension de l’adorateur comporte dix étapes : on commence avec une attirance pour Dieu. Puis, l’âme est impatiente de s’approcher de Lui. Ensuite, on éprouve l’envie de Le réaliser facilement et rapidement, et bientôt cela se change en un désir de Le trouver par des artifices de yoga. L’esprit alors a soif de s’élever très haut dans la contemplation divine. Cet état est vite remplacé par un amour débordant, où l’on verse des larmes. Et cela nous conduit peu à peu à nager en quelque sorte dans la Béatitude divine. À la huitième étape, la pensée constante du Bien-Aimé règne suprême en nous, et l’âme est amenée à oublier le moi individuel. Enfin vient la réalisation du Moi, qui est le salut. »

Ma Ananda Moyi, Aux sources de la joie, Éd. Lucioles, Montréal, 1980, p10.



Arnaud Desjardins, réalisateur et enseignant spirituel français a rencontré Ma Ananadamayi en 1959.


Il est un des premiers français à avoir fait connaître en France les enseignements hindouistes, bouddhistes, zen et soufis.


Vous trouverez un morceau de son film « ashrams » en première partie de la vidéo en fin d’article. Ce petit extrait de six minutes est assez exceptionnel, c’est un des rares documents visuels de cette être qui s’est éteint en 1982.


Il est important en Inde d’avoir toujours un rappel de la Mère Divine. Depuis une trentaine d’année, c’est Amma qui l’incarne.


Mata Amritanandamayi ou plus simplement AMMA

 


Je vais vous parler maintenant d’une incarnation plus contemporaine de la Mère Divine selon la tradition Hindou.


Amma est née le 27 septembre 1953 dans un petit village de pêcheurs en inde.


Son enfance est marquée par le rejet et une forme d’humiliation pour la différence qu’elle affichait par rapport aux autres enfants.


Adoratrice de Krishna dès ses premières années, elle voyait sa forme vivante en chaque être et chaque objet. (ne soyez pas rebutés par ce rappel de quelques secondes au début du film)


Comme Ma Ananadamayi, elle réalisa l’Absolu et manifesta les aspects du Divin en elle sans initiation ni maître spirituel.




Les femmes ne pouvaient pas devenir prêtres en Inde et donc n’étaient pas autorisées à consacrer les temples.


La remise en pratique de la formation des prêtres femmes a été l’une de ses premières actions.


Amma a choisi une façon bien à elle de répandre l’amour dans l’humanité, elle la serre dans ses bras.


En Inde, ceci est déjà un acte révolutionnaire : s’embrasser en public et se serrer dans les bras ne fait pas du tout partie de la tradition indienne, c’est même plutôt mal vu. Les manifestations de tendresse sont inexistantes dans la rue.


Elle est pourtant considérée dans son pays comme une « mahatma » ou grande âme comme pouvait l’être Gandhi et s’est affranchie de tous les systèmes de castes.


Le darshan d’Amma

 

Elle parcourt le monde avec son équipe de swamis (moines) et de musiciens et déplace des milliers de personnes dans chaque ville où elle passe.


Pendant trois jours et trois nuits dans une même ville, elle serre ceux qui viennent la rencontrer dans ses bras et sur son cœur, les caresse tendrement sans jamais s’interrompre pour se lever, boire ou manger.


Ce moment d’étreinte avec la « Mère Divine » est appelé « darshan ». Ce mot vient d’une racine sanscrite qui signifie vision du divin.


Il n’est pas possible de décrire ce que chacun ressent, c’est une expérience à vivre qui peut bouleverser ou laisser perplexe mais jamais indifférent.


Passer du temps dans l’entourage d’un être éveillé permet à chacun d’avoir plus de clarté et de trouver des solutions en portant un regard bienveillant sur les situations non réglées de sa vie.


La vision peut être concrète ou intérieure, déclenchée par l’émotion du moment vécu avec Amma.


Son enseignement est simple, universel, sans prosélytisme pour quelque religion que ce soit.


Sa vie est son message, elle incarne son enseignement, l’amour inconditionnel, totalement dévouée à l’humanité. Elle offre à toutes les conditions sociales les valeurs authentiques du cœur.


Amma s’adresse beaucoup aux femmes de l’Inde et d’ailleurs, afin de leur redonner confiance dans leur pouvoir et leurs droits souvent bafoués sur la planète.


« Les femmes doivent retrouver leur force et leur courage. Le courage est un attribut de l’esprit. Il ne s’agit pas d’une vertu du corps. Les limitations auxquelles les femmes se croient soumises ne sont pas réelles. Quand elles développeront la force de vaincre ces limitations imaginaires, nul ne pourra arrêter leur marche en avant dans tous les domaines de la vie. Elles ont le pouvoir. Il est déjà là, présent en elle… »



Elle s’adresse aussi à l’aspect féminin contenu en tout homme qui a aussi été réprimé dans des vies morcelées, souvent douloureuses et axées sur la survie.


Sa vie est une offrande à l’humanité, une lumière sur le chemin.


Dans la vidéo en fin d’article, vous trouverez de la minute 9:06 à 9:19 un passage un peu sombre mais impressionnant où on voit Amma en train de lécher les plaies d’un lépreux.


Pour ceux qui ne l’ont jamais rencontrée, Amma vient chaque année en automne à Paris et à Toulon.

Pour nos collègues outre Atlantique, elle continue sa tournée au Canada et aux Etats-Unis.

Il est aussi possible d’en savoir plus au travers du film Darshan de Jan Kounen qui est passé en salle et sur Arte.


Les trois jours se clôturent après une nuit entière de darshan par un rituel délicieux, danser sous une pluie de pétales de roses.




C’est littéralement l’Inde qui se déplace avec ses musiques, ses odeurs et ses voilages blancs.


Mieux vaut y aller sans a priori pour pouvoir profiter du dépaysement et de l’expérience unique plutôt que de chercher à comprendre.


« L’amour est notre véritable essence. L’amour ne connaît pas de frontières de caste, de religion, de race ou de nationalité. Nous sommes tous des perles enfilées sur le même fil de l’amour. »Amma

Vous avez fait cette expérience? Vous ne l’avez pas fait? Ecrivez un petit mot..


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