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Jan 12

Le triangle de Karpman, à quoi aimez-vous jouer?

Le Triangle de Karpman et les enjeux de la relation


Tant que nous n’avons pas fait un réel travail sur nous-mêmes, nous jouons inconsciemment à des petits jeux dans nos attitudes relationnelles. C’est la théorie du triangle de Karpman.


Nous jouons, malgré nous, à manipuler et à être manipulé par l’autre. Nos relations passent alors de l’idylle au cauchemar sans que nous ayons vu le vent tourner.


La thérapie est un bon moyen de mettre à jour les jeux psychologiques et dévastateurs à l’œuvre mais vous pouvez, de façon autonome, commencer le débroussaillage seul.


Dès qu’une blessure est ravivée, vous adoptez une attitude défensive qui peut se caractériser par trois rôles principaux. Les trois rôles du triangle de karpman seront décrits plus bas dans l’article.


Ces rôles dans lesquels vous vous fondez jouent alors la partition à votre place: vous n’êtes plus aux commandes.(voir mon article précédent)


Un robot vous remplace, vous privant de votre libre arbitre et empêchant toute communication véritable avec l’autre.


La littérature et le cinéma regorgent de ces schémas dévastateurs. Il y en a toujours un que vous choisisse de préférence mais nous verrons plus loin que vous connaissez aussi la réplique des autres et que vous ne n’êtes pas figés dans un aspect.


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Le triangle de Karpman et le méchant


Dans tous les contes de fées, on retrouve la sorcière ou un grand méchant loup.


En tant que grand méchant loup, c’est vous qui décidez et qui établissez les règles que vous pouvez changer à tous moments.


Vous n’hésitez pas à harceler et menacer s’il le faut. Certains de vos propos peuvent être humiliants ou dévalorisants pour votre interlocuteur.


Votre émotion préférée est la colère. Vous cherchez  plutôt votre intérêt et un de vos objectifs est le pouvoir. Vous pouvez même aller jusqu’à  l’assujettissement de l’autre.


Vous êtes parfois violent, voire machiavélique mais surtout très loin de vos émotions. Vous aimez bien jouer à terroriser votre monde et à vous faire obéir.


Vous êtes contrôlant et n’aimez pas être contredit. Vous aimez critiquer…pour le bien des autres évidemment, afin de les éduquer.


Vous n’êtes pas tendre quand vos ordres ne sont pas respectés à la lettre. D’ailleurs, vous surveillez attentivement le moindre écart de comportement pour intervenir sévèrement et punir. 


L’histoire le dit rarement mais vous êtes un grand déçu de l’amour qui cherche à se venger d’une blessure que vous ne pouvez pas refermer.


Vous avez décidé de vous blinder pour ne plus sentir et vous avez du mal à sentir quand vous faites souffrir les autres.  Retourner la colère contre vous-mêmes est aussi une option.


Vous êtes un grand donneur de leçons qui s’ignore et semer la polémique ou la zizanie est un petit passe-temps.


En tout état de cause, c’est vous qui avez raison. La négociation est rarement possible et les autres sons de cloche ne vous intéressent pas.


Dans le triangle de Karpman, vous êtes fier d’être un PERSECUTEUR.


Le triangle de Karpman et la souris sous la griffe du chat




Ce personnage n’existerait pas s’il ne rencontrait pas un partenaire idéal pour commettre ses méfaits.


En tant que partenaire idéal du Persécuteur, vous êtes malmené. Vous êtes plutôt gentil mais vous subissez sans comprendre toutes sortes d’agressions dont vous ne vous sentez pas responsable.


Tout est la faute des autres. Vous vous plaignez régulièrement des injustices. Vous est rarement autonome et avez besoin d’aide sans forcément en demander.


Sans le savoir, vous vous laissez maltraiter sans rien dire car vous n’avez pas une haute estime de vous-mêmes.


La dévalorisation est votre mode de fonctionnement. Vous cherchez cependant à attirer l’attention pour dénoncer toutes les horreurs que vous subissez.


Vous vous rebellez rarement et vous savez encaisser les coups en offrant contre mauvaise fortune bon cœur. Vous vous  sentez contrôlé, incapable d’agir même si vous cherchez parfois à résister.


Il vous arrive de solliciter de l’aide mais vous n’écoutez pas les conseils car, au fond, vous pensez que personne ne peut vous comprendre ni vous aider.


Ce rôle, bien que douloureux est quand même confortable car il n’engendre aucune remise en question véritable.


En thérapie, vous aimez faire votre « marché ». Vous passez d’un thérapeute à l’autre avec l’espoir d’être sauvé mais sans avoir à vous impliquer dans la transformation.


Dès que le thérapie touche un point crucial, vous vous éclipsez en pensant que vous ne pouvez rien pour vous mais surtout que les thérapeutes ne sont pas de niveau.


Vous êtes VICTIME dans le triangle de Karpman. Je vous propose une petite séquence cartoon pour vous rappeler que ces deux rôles sont la base humoristique de certains dessins animés.


http://youtu.be/rdNdmc83xe4


Le triangle de Karpman et la bonne fée


Ce tableau ne serait pas complet sans un troisième personnage. On finirait par s’ennuyer de voir un méchant taper sur une pauvre petite chose.


Arrive alors en scène, une image parfaite sans un fil qui dépasse. La bonne fée, superman ou Zorro.


Honneur, prestige, altruisme, charisme et générosité sont vos attributs. Souvent sans peur et sans reproche, vous protégez, prévenez les dangers, conseillez et répandez la justice.


Vous êtes toujours bourré de bonnes intentions. Disons le tout de suite, vous avez  le beau rôle. On ne peut rien vous reprocher…sauf peut-être une légère ingérence que l’on vous pardonne facilement.


Vous agissez sans qu’on vous le demande et sans vérifier si c’est le bon moment pour l’autre. Vous êtes assez sûr de vous-mêmes au point de ne pas imaginer qu’en agissant ainsi vous empêchez l’autre de trouver ses propres ressources.


Vous arrive-t-il de venir en aide spontanément à des personnes qui n’ont pas fait de demande d’aide explicite ?


Vous sentez-vous incapable de résister à proposer vos services lorsque quelqu’un de votre entourage éprouve des difficultés à se débrouiller seul ?


Êtes-vous agacé lorsqu’une personne refuse de mettre en pratique vos conseils afin de mieux se plaindre que rien ne fonctionne ?


Vous arrive t-il d’être épuisé et d’aller bien au-delà de vos capacités d’endurance avec un fond de colère contre vous-mêmes car vous ne vous êtes pas respecté?


Avez-vous en charge des personnes autour de vous aux prises avec des dépendances, alcool, drogues ou médicaments?


Avez-vous tendance à vous sacrifier et à voler au secours des autres quitte à laisser de côté vos propres besoins et désirs?




Vous sentez-vous régulièrement irremplaçable et indispensable en sachant mieux que quiconque ce qu’il faut faire ?


Si vous avez du prendre soin des autres plutôt que de vous-mêmes quand vous étiez enfant, par conséquence, vous préférez aider plutôt que d’accepter de ressentir l’inconfort que vous procure la détresse de l’autre…


Vous êtes  le SAUVETEUR du triangle de Karpman


Les trois pôles du triangle de Karpman


Ces trois rôles ont été mis en évidence par Karpman dans les années 60 et représente un outil extrêmement efficace de l’analyse transactionnelle.


Ce petit jeu est une forme de danse ou de transe où personne n’est réellement lui-même.


  • Le Persécuteur a besoin d’une victime
  • Le Sauveteur a besoin d’une victime
  • La Victime a besoin des deux.


Dans cette valse à trois, chacun a une place bien définie avec ses qualités et ses défauts :


  • Le Sauveteur est bon et généreux
  • La Victime est irréprochable, elle n’y est pour rien
  • Le Persécuteur est droit, il a raison et il peut même s’appuyer sur la loi.


La seule chose que ces trois personnages du triangle de Karpman ont en commun: ils ne sont pas satisfaits de leur vie.


 

 

Allez, je vous lance un petit test :

Si vous vous plaignez…vous êtes ________________

Si vous êtes sûr de vos droits…vous êtes ________________

Si vous êtes toujours zen quoiqu’il arrive …vous êtes ______________

 

 

Je vous propose en images quelques petits scénarios très représentatifs du triangle de Karpman que l’on trouve dans ce merveilleux film « Oui mais « .


Dans ce court extrait, vous aurez la panoplie des rôles présentés et je suis certaine que vous allez reconnaître des proches…pas vous bien sûr!



Vous avez du mal à vous reconnaître ? Voici quelques phrases usuelles pour mieux vous repérer sur le triangle de Karpman et repérer aussi vos funestes partenaires :


La victime du triangle de Karpman

 


  • Je fais tout bien et il n’arrête pas de me critiquer. 
  • Je ne sais plus quoi faire, j’ai tout essayé.
  •  Pour toi c’est facile, moi c’est compliqué
  • Ma fille ne vient jamais me voir. 
  •  Le monde est cruel 
  • Personne ne peut m’aider 
  •  Vous savez ce n’est pas de ma faute, parce que … 
  • Je suis débordé de travail, je ne vais pas m’en sortir. 
  •  C’est affreux ce qui m’arrive ! 


Le Persécuteur du triangle de Karpman



  • Je n’aime pas du tout ce qui vient de se passer…
  • Je me demande si j’ai bien fait de faire appel à vous.
  •  Tu est vraiment nul ! je ne suis pas sûr que tu sois compétent.
  • Je me suis fâchée avec lui parce que …
  • Ça ne va pas se passer comme ça
  •  Vous n’en seriez pas là si vous m’aviez écouté
  • Je ne veux pas vous blesser, mais je vais être franc avec vous…
  • Le mien (mon mari, mon point de vue, mon 4X4) est mieux que le votre

 

Le sauveteur du triangle de Karpman



  • Je me charge de tout
  • Racontez moi vos difficultés, je vous comprends
  •  A votre place, je ferais…
  • Reposez-vous sur moi, je suis costaud
  •  Vous avez l’air fatigué. Qu’est ce qui ne va pas ?
  • J’essaie seulement de vous aider


Je vais vous raconter une petite scénette de triangle de Karpman à laquelle j’ai assisté hier à Toulon dans les toilettes de la galerie marchande.


La scène se passe dans la file d’attente. Trois personnages se rencontrent sur les pointes abstraites d’un triangle :


Une femme enceinte A s’approche sans rien dire mais en hurlant intérieurement : je suis petite, pas bien, regardez mon état, laissez moi passer devant vous. Vous l’avez reconnue, c’est une victime.


Elle ne fait pas de demande car elle est coupable dans son état d’avoir à passer devant les autres. Elle est dépendante du bon vouloir des autres car elle ne croit pas qu’elle mérite un régime de faveur.


Comme rien n’est exprimé, la personne suivante rentre dans les toilettes comme si rien ne s’était passé.


Une 2ème femme B s’adresse gentiment à la femme enceinte en lui disant qu’elle doit passer devant elle. C’est son sauveteur qui s’active quand elle s’aperçoit que la première personne ne l’a pas laissée passer. La femme enceinte passe aux toilettes.


Une porte des toilettes s’ouvre, ça devrait être à B d’aller aux toilettes mais elle se fait aussitôt griller la place par une personne C très loin derrière dans la file et qui double tout le monde pour s’engouffrer dans les toilettes vides.


C arrive à temps, c’était la pointe manquante du triangle de karpman, le Persécuteur.



J’étais émerveillée par la finesse du scénario. C’est dans ce genre de situation qu’on peut apercevoir derrière les rideaux de l’injustice, la perfection de la vie.


Évidemment, j’étais seule à avoir cette vision.


Le Sauveteur ne sait pas qu’elle offre une place qu’on lui a certainement prise quand elle était enfant par un petit frère ou une petite sœur. Répondre aux besoins des autres l’empêche de s’en souvenir.


Heureusement le Persécuteur C le lui rappelle !


C a appris à se comporter sans considération des autres. Elle s’occupe de son besoin, ce qui lui fait sans doute oublier ses propres misères. Pendant qu’elle gagne quelques places, elle a l’impression de gagner et de se sentir forte.


Avec un peu de conscience, le scénario pourrait s’arrêter là. Chacun reconnaitrait ce qui le fait souffrir dans la situation.



Ce n’est pourtant pas la suite du film. Le triangle de Karpman tourne. Les rôles s’inversent. Peut-être connaissez-vous mieux cette histoire de triangle:


« La mère (Sauveteur) : Regarde cette nouvelle chemise que j’ai acheté pour toi, elle te plait ? Le fils (Persécuteur, en colère après sa mère) : Tu sais bien que j’ai horreur du bleu ! La mère (Victime du fils) : De toute façon, j’ai toujours tort avec toi Le père (Sauveteur de la mère et Persécuteur du fils) : Comment oses-tu parler ainsi à ta mère. Va dans ta chambre sans diner.

Le fils (Victime puis Persécuteur, boudant dans sa chambre) : Ils me disent d’être francs puis ils me punissent. La mère (Sauveteur du fils, lui amenant un plateau repas en cachette du père) : Ne le dis pas à ton père. Tu ne devrais pas t’énerver ainsi pour une chemise.

La mère (Persécuteur du père) : Tu es trop sévère avec ton fils. Je parie qu’il te déteste maintenant. Le père (Victime de sa femme) : Je croyais t’aider et voilà que tu me grondes. »



 A quoi cela sert-il de jouer à des petits jeux au lieu tout simplement dêtre heureux ?


Parce que votre conscience est divisée et que les blessures de la petite enfance sont refoulées.


La vie ne vous apporte pas ce que vous demandez, elle vous apporte ce à quoi vous vibrez même si vous ne le savez pas.


Rentrer en contact avec les humains ravive les blessures afin que vous puissiez les identifier et vous en libérer.


Jouer au triangle de Karpman vous fait croire que le problème est actuel alors qu’il n’est qu’une mise en scène d’évènements douloureux du passé.


Repérer les petits jeux devient alors votre priorité afin de « descendre du train » ou du triangle lorsque vous êtes embarqués.


Mais alors, me direz-vous, comment se sort-on de là? Rassurez-vous, il y a des solutions. Elle sont de l’ordre du travail intérieur et permettent de retrouver des relations harmonieuses. Nous en reparlerons.


Et vous, avez-vous un rôle favori? Laissez un commentaire!


 


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