Savoir être et savoir faire
Savoir Être est une des activités favorites du thérapeute.
Être tout court est la principale occupation des maîtres et le but de tout parcours initiatique.
Le thème de l’Être choisi par Cédric du blog « techniques de méditation » pour la Croisée des blogs de Développement personnel.org est aussi un des sujets favoris de mon blog.
J’ai trouvé pour cela un petit conte initiatique écrit par Charles Brulhart.
Pour une fois, un conte illustre parfaitement le travail thérapeutique que je pratique et s’inscrit totalement dans la lignée de le méthode Ho’oponopono.
Je vous livre « Le génie menteur ou les 7 miroirs de l’âme » avec quelques commentaires personnels !
Il y avait une fois un jeune prince qui trouvait les gens autour de lui méchants et égoïstes. Il en parla un jour à son précepteur qui était un homme sage et avisé et qui confia une bague au prince.
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« Cette bague est magique. Si tu la tournes trois fois sur elle-même, un génie t’apparaîtra. Toi seul le verra. Chaque fois que tu seras insatisfait des gens, appelle-le. Il te conseillera. Mais fais attention : ce génie ne dit la vérité que si on ne le croit pas. Il cherchera sans cesse à te tromper. »
Vous voyez, ça débute très bien, j’aime les histoires qui ne commencent pas comme les autres, un génie qui ment au lieu d’exaucer les vœux, c’est exactement l’image parfaite de votre mental.
Ce mental est comme un type génial, pouvant venir à bout de formules très compliquées mais qui n’arrive pas à vivre heureux au jour le jour.
Votre mental croit comprendre et faire des prises de conscience alors qu’il ne fait que justifier ses ombres et s’enfermer dans sa purée de pois.
Mais continuons avec le prince…
Un jour, le prince entra dans une violente colère contre un dignitaire de la cour qui avait agi contre ses intérêts. Il fit tourner trois fois la bague. Aussitôt, le génie apparut:
– « Donne-moi ton avis sur les agissements de cet homme, dit le prince. »
« S’il a fait quelque chose contre toi, il est indigne de te servir. Tu dois l’écarter ou le soumettre. » À ce moment, le prince se souvint des paroles étranges de son précepteur.
– « Je doute que tu me dises la vérité », dit le prince.
« Tu as raison », dit le génie, « je cherchais à te tromper. Tu peux bien sûr asservir cet homme, mais tu peux aussi profiter de ce désaccord pour apprendre à négocier, à traiter avec lui et trouver des solutions qui vous satisfassent tous deux. »
Dans un pays étranger, il est simple de ne pas se comprendre. Vous dites 18 heures au taxi et vous vous retrouvez à attendre des heures…
Par exemple, une minute en Inde ou au Népal équivaut à une heure en France ;-).
C’est une question de culture. Si vous n’êtes pas présent, vous vous énervez. Sans savoir être, il vous est facile aussi de vous prendre pour la cible de mauvais traitements.
Vous pouvez passer votre journée de voyage à vous plaindre d’avoir reçu une flèche de non respect alors qu’en fait chacun vit sur sa planète et dans son monde intérieur.
A Katmandou, lorsque vous cherchez à négocier une jolie statuette, le vendeur en veut un maximum et vous en voulez un minimum.
Normal, cela s’appelle une négociation, chacun cherche son intérêt si vous restez au niveau de « faire du shopping ».
Dans le savoir être, vous allez vous apercevoir que, pendant le marchandage, une autre histoire commence, celle de la relation qui s’établit (ou pas) avec le vendeur.
C’est l’occasion de rencontrer un humain différent de soi. Le plaisir du partage s’installe, chacun étant ravi de faire affaire.
Vous, parce que vous négociez un objet magnifique, le vendeur parce qu’il gagne sa vie grâce à des objets qu’il apprécie.
Au moment de vous mettre d’accord, vous vous apercevez que vous avez fait plus qu’une affaire, l’énergie est montée de la rencontre et du plaisir de l’interaction.
C’est une question de présence. Dans un savoir être là, vous êtes immédiatement enrichi.
Si vous ne faites qu’une transaction commerciale, vous avez vidé votre porte-monnaie.
C’est exactement ce qui m’est arrivé hier au détour d’une rue en plein cœur de Thamel à Katmandou.
Je suis tombée (sans me faire mal) 😉 sur un petit magasin qui ne payait pas de mine mais qui m’intéressait par ses cristaux.
Il n’a fallu que quelques minutes au vendeur pour quitter son intérêt à vendre et rentrer dans un échange avec moi.
Je suis passionnée d’énergie et travailler avec les cristaux est un de mes plaisirs.
Le vendeur a voulu à tous prix nous montrer toute sa collection et nous a avoué qu’il était « crystal addict », selon les termes de sa femme.
Je lui ai expliqué qu’il pouvait entretenir une véritable relation avec un cristal, pas juste les stocker dans sa remise.
Cet homme avait sans doute compris cela intuitivement mais pour le moment, il le vivait comme un défaut.
Inutile de vous dire que ce jour là, je n’ai rien acheté, l’échange avec cet homme plein d’enthousiasme pour les objets qu’il vendait a largement suffi à alimenter notre rencontre.
Mais je vous laisse avec la suite de l’histoire…
Parcourant un jour la ville avec quelques compagnons, le prince vit une immense foule entourer un prédicateur populaire.
Il écouta un instant le prêche de cet homme et fut profondément choqué par des paroles qui contrastaient violemment avec ses propres convictions. Il appela le génie.
– « Que dois-je faire ? »
– « Fais-le taire ou rends-le inoffensif », dit le génie. « Cet homme défend des idées subversives. Il est dangereux pour toi et pour tes sujets. » Cela me paraît juste, pensa le prince. Mais il mit néanmoins en doute ce que le génie avait dit.
-« Tu as raison », dit le génie, « je mentais. Tu peux neutraliser cet homme. Mais tu peux aussi examiner ses croyances, remettre en cause tes propres certitudes et t’enrichir de vos différences. »
Lorsque nous encadrons un groupe au Népal (ou ailleurs en Asie), nous nous positionnons en enseignants.
Nous avons des techniques à transmettre, une vision du travail intérieur, un savoir-faire en recentrage et en thérapie.
Mais notre travail ne se limite pas à une relation à sens unique où un enseignant transmet. Notre premier job est la présence, c’est à dire un savoir être!
Et cela n’est pas tout. Un véritable enseignant grandit avec ses élèves. Bien qu’il maîtrise son sujet, c’est son savoir être qui est mis à l’épreuve par ses élèves.
L’ élève qui s’approche d’un professeur (lorsque la relation n’est pas forcée), est bien souvent dans « l’angle mort » de l’enseignant.
Il lui ressemble beaucoup dans sa construction mais aborde la vie avec un angle de vision différent, même si en apparence, il a l’air moins avancé.
Un mari, une femme, un ami ou tout partenaire dans un couple interagit de la même façon.
Il y a la vie quotidienne qui se déroule, les activités ou les discussions que vous partagez ensemble. Pourtant, en amont, une autre histoire moins visible naît, celle des projections.
Savoir être, c’est pouvoir reconnaître que vous quittez le présent pour faire jouer à l’autre vos blessures et votre scénario d’enfance.
Sans cette connaissance, chacun va réveiller les ombres de l’autre. Si vous n’avez pas de partenaire ni d’élèves, ne vous inquiétez pas, vos enfants auront ce même rôle pour vous, ils sont là pour tester tout ce qui n’est pas en place chez vous !
Mais revenons à notre histoire…
Pour l’anniversaire du prince, le roi fit donner un grand bal où furent conviés rois, reines, princes et princesses.
Le prince s’éprit d’une belle princesse qu’il ne quitta plus des yeux et qu’il invita maintes fois à danser sans jamais oser lui déclarer sa flamme.
Un autre prince invita à son tour la princesse. Notre prince sentit monter en lui une jalousie profonde. Il appela alors son génie.
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– « Que dois-je faire, selon toi ? »
– « C’est une crapule », répondit le génie. « Il veut te la prendre. Provoque-le en duel et tue-le. » Sachant que son génie le trompait toujours, le prince ne le crut pas.
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« Tu as raison », dit le génie, « je cherchais à te tromper. Ce n’est pas cet homme que tu ne supportes pas, ce sont les démons de tes propres peurs qui se sont éveillés quand tu as vu ce prince danser avec la princesse. Tu as peur d’être délaissé, abandonné, rejeté. Tu as peur de ne pas être à la hauteur. Ce qui se réveille en toi dans ces moments pénibles te révèle quelque chose sur toi-même. »
La peur de l’abandon a la vie dure dans un couple. Elle est liée à la dépendance et vous rappelle que vous entrez en relation comme un enfant.
Vous voulez avant tout être aimé, désiré, entendu, reconnu etc. surtout pour oublier que vous n’avez pas senti cet amour dans votre enfance.
Le monde est rempli de couples en apparence unis qui se tiennent par la main même après 20 ans de mariage.
Mais regardez-y de plus près, ils sont souvent comme deux enfants seuls et tombés du nid. Ils se rassurent à deux mais ce n’est pas la définition du couple.
Danser à deux ne signifie pas forcément se jeter dans les bras sur le quai de la gare à grands renfort d’inoubliables shabadabada…
Grandir à deux, c’est accepter la transformation même si elle entraîne des peurs que l’autre change assez pour vouloir vous quitter.
Lorsque vous n’avez pas vu votre femme ou votre mari pendant plusieurs jours, qu’est ce qui vous permet de savoir que c’est la même personne que vous avez quittée ?
Dans les bras de qui allez-vous vous jeter, celui qui est là aujourd’hui ou son hologramme numérisé que vous avez intégré en vous ?
Si vous ne tenez pas compte de ce paramètre, vous serrez dans vos bras une image, normal que l’image finisse par vous échapper.
Lorsque vous vous transformez, vous pratiquez l’ajustement créateur, c’est à dire, qu’ au lieu de vivre avec l’image de l’autre et l’idée que vous vous faites de lui, vous vérifiez où vous êtes.
C’est aussi cela le savoir être.
Vous vérifiez aussi où est l’autre et ce qui se passe en temps réel dans la relation au lieu de vous rassurer par rapport à votre peur du manque et de l’abandon.
Ne partez pas avec un a priori de « je suis heureux de retrouver ma chérie, tout va bien se passer ». Soyez qui vous êtes dans l’instant et prenez un moment pour vous ajuster à deux.
Dans la présence consciente, il n’y a pas de distanciation, pas de danger d’éloignement.
Si la distance s’installe, c’est le moment de la nommer et de vérifier si elle est vraiment due à la relation ou à une émotion personnelle passagère.
Ce positionnement de l’Être inclut que l’autre peut partir … ou mourir mais cette éventualité ne vient pas altérer les moments de la vie commune.
Mais continuons l’histoire…
A l’occasion de la réunion du grand conseil du royaume, un jeune noble téméraire critiqua à plusieurs reprises le prince et lui reprocha sa façon de gérer certaines affaires du royaume.
Le prince resta cloué sur place face à de telles attaques et ne sut que répondre. L’autre continua de plus belle et à nouveau le prince se tut, la rage au cœur. Il fit venir le génie et l’interrogea.
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– « Ôte-lui ses titres de noblesse et dépouille-le de ses terres », répondit le génie. « Cet homme cherche à te rabaisser devant les conseillers royaux. »
– « Tu as raison », dit le prince. Mais il se ravisa et se souvint que le génie mentait.
– « Dis-moi la vérité » continua le prince.
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« Je vais te la dire », rétorqua le génie, « même si cela ne te plaît pas. Ce ne sont pas les attaques de cet homme qui t’ont déplu, mais l’impuissance dans laquelle tu t’es retrouvé et ton incapacité à te défendre. »
Chacun a le droit de critiquer, ce qui devient un problème, c’est lorsque la critique vous touche.
A ce moment précis, vous quittez votre conscience d’adulte et retombez dans une émotion non consciente de l’enfant.
Vous êtes identifié à avoir subi des critiques au lieu d’encouragements, et personne n’était là pour vous venir en aide ou vous tenir par la main pour franchir les étapes.
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C’est un peu comme si, enfant, vous aviez du savoir tout seul sans qu’on vous ait appris.
Toute opinion devient alors une critique et vous vous sentez personnellement menacé.
Vous confondez ce que vous faites avec qui vous êtes. Dans le domaine du « faire », vous êtes perfectible, il suffit d’apprendre et de pratiquer.
Dans le domaine de l’Être, vous n’avez qu’à être là pour exister, rien de vous n’est exigé à part votre présence consciente.
Nous approchons de la fin de l’histoire…
Un jour, dans une auberge, le prince vit un homme se mettre dans une colère terrible et briser tables et chaises. Il voulut punir cet homme. Mais il demanda d’abord conseil au génie.
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– « Punis-le », dit le génie. « Cet homme est violent et dangereux. »
– « Tu me trompes encore », dit le prince.
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« C’est vrai. Cet homme a mal agi. Mais si tu ne supportes pas sa colère, c’est avant tout parce que tu es toi-même colérique et que tu n’aimes pas te mettre dans cet état. Cet homme est ton miroir. »
Pour moi, il y a d’autres raisons d’être touché par la colère de l’autre. Cela peut effectivement signifier que vous êtes un colérique refoulé qui s’ignore et vous avez peur de le reconnaître.
Il y a peut-être une autre explication à votre difficulté avec la colère : la situation présente a peut-être touché une scène d’enfant où vos parents ou d’autres adultes étaient violents l’un envers l’autre.
Dans ce cas, vous n’avez pas forcément peur de faire mal, qu’on vous fasse du mal ou que la bagarre dégénère.
Si vous avez vécu avec des parents qui se disputaient, vous vous êtes sans doute senti très seul et sans soutien puisque vos deux appuis étaient occupés à se chamailler plutôt que de s’occuper de vous.
Poursuivons…
Une autre fois, le prince vit un marchand qui voulait fouetter un jeune garçon qui lui avait volé un fruit.
Le prince avait vu filer le vrai voleur. Il arracha le fouet des mains du marchand et était sur le point de le battre lorsqu’il se ravisa.
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– « Que m’arrive-t-il », dit-il au génie. « Pourquoi cette scène m’a-t-elle mis dans cet état ? »
– « Cet homme mérite le fouet pour ce qu’il a fait », répondit le génie.
– « Me dis-tu la vérité ? »
« Non », dit le génie. « Tu as réagi si fortement parce que l’injustice subie par ce garçon t’a rappelé une injustice semblable subie autrefois. Cela a réveillé en toi une vieille blessure. »
C’est exactement ce qui se passe avec la loi d’attraction. Si vous voyez ce genre de maltraitance au supermarché, cela ne veut pas dire que le monde est rempli de mauvaises mères et que vous avez forcément à intervenir.
Si vous voyez des scènes de violence faites sur les enfants et que vous êtes touché, avant d’intervenir, demandez-vous pourquoi vous êtes ainsi touché.
Évidemment, s’il y a danger pour l’enfant, vous pouvez porter un secours immédiat mais si ce n’est pas le cas, centrez-vous avant de parler à la mère en question. C’est cela savoir être.
Laissez monter la colère sans rien en faire et si vous n’intervenez pas, vous allez immédiatement sentir en vous la détresse.
Pas celle de l’enfant en face de vous…la vôtre mais aurez-vous le courage de croire que votre impulsion à intervenir n’était peut-être pas appropriée?
Ce que vous prenez pour de la spontanéité n’est qu’une prise de pouvoir de votre mental qui agit à votre place et renforce en vous l’identification à l’injustice.
Le jour où vous êtes dans une très belle énergie, ce sont de bien jolies scènes que vous allez croiser dans votre journée. Profitez-en pour entretenir la gratitude.
N’oubliez pas cependant que si vous avez une mémoire cellulaire à l’injustice, elle prendra tôt ou tard une nouvelle forme extérieure que vous aurez peut-être du mal à considérer comme venant de vous !
Voici la conclusion :
Alors le prince réfléchit à tout ce que le génie lui avait dit.
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– « Si j’ai bien compris », dit-il au génie, « personne ne peut m’énerver, me blesser ou me déstabiliser.
– « Tu as bien compris », dit le génie. « Ce ne sont pas les paroles ou les actes des autres qui te dérangent ou que tu n’aimes pas, mais les vieux démons qui se réveillent en toi à cette occasion : tes peurs, tes souffrances, tes failles, tes frustrations.
« Si tu jettes une mèche allumée dans une jarre d’huile, celle-ci s’enflammera. Mais si la jarre est vide ou qu’elle contient de l’eau, la mèche s’éteindra d’elle-même. »
« Ton agacement face aux autres est comme un feu qui s’allume en toi et qui peut te brûler, te consumer, te détruire.
Mais il peut aussi t’illuminer, te forger, te façonner et faire de l’autre un allié sur le chemin de ta transformation.
Toute rencontre difficile devient alors une confrontation avec toi-même, une épreuve, une initiation. »
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– « J’ai besoin de savoir encore une chose », dit le prince. « Qui es-tu ? »
« Je suis, moi aussi, ton reflet dans le miroir. »
J’aime beaucoup cette fin car, vous comprenez bien que le sage est encore un personnage dans le miroir, un personnage plus présent certes, mais quand même un personnage.
Être est bien au-delà des personnages que vous jouez, quand bien même ce serait un sage!
Et vous, écoutez-vous le génie radical et impulsif qui vous anime ou êtes-vous un prince qui questionne les apparences pour agir en étant centré?